Mopti, les ateliers de coutures broient du noir

La ville de Mopti subit depuis plusieurs années des coupures d’électricité récurrentes. Cette situation affecte durement toutes les couches de la population, notamment les artisans locaux. Les tailleurs peinent à ouvrir leurs ateliers à cause des délestages.

Dans l’incapacité de s’offrir des groupes électrogènes ou des panneaux solaires, certains ateliers de coutures ont été contraints de cesser de prendre des commandes, ne pouvant plus garantir les délais de confection.

« On refuse de prendre les habits des clients pour ne pas leur causer du tort », confie Moussa Sabé, tailleur à Mopti, déplorant une activité de plus en plus difficile à maintenir dans ces conditions.

Les clients aussi en pâtissent. Selon Aminata Konipo, mère de famille, la situation empire. « Nous continuons à souffrir davantage, et les va-et-vient chez les tailleurs se multiplient, souvent sans réponse favorable », explique-t-elle avec nervosité.

Les solutions alternatives

Autrefois, les ateliers de couture ne désemplissaient pas. Aujourd’hui, l’offre s’amenuise à mesure que les coupures se prolongent. Pour contrer ces perturbations, certains couturiers mieux équipés ont investi dans des solutions alternatives. Des panneaux solaires ou des groupes électrogènes leur permettent de maintenir une activité minimale.

« J’ai installé mes panneaux solaires depuis l’année dernière. Le nombre d’heures d’électricité disponibles est insuffisant pour coudre tous les habits de mes clients », explique Mamadou Touré, également couturier. Il pointe du doigt un programme de distribution d’électricité qui ne permet pas aux professionnels dépendant du courant de travailler dans des conditions normales.

En attendant une stabilisation durable de la fourniture en électricité de la ville de Mopti, les tailleurs de Mopti continuent de travailler dans l’incertitude, entre solution alternative et frustration.

Youssouf Traoré