Désinformation et emploi : déjouer les pièges des faux recruteurs au Mali

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De nouvelles escroqueries ciblent les chercheurs d’emploi en imposant de faux recrutements et des formations payantes soi-disant essentielles à l’embauche. Cet article décrypte ces arnaques et vous aide à les éviter.

Tout commence par une offre d’emploi fictive. Après la présélection, les candidats doivent payer des frais de formation et de finalisation du recrutement pour «  réserver »  leur place. Ces fausses offres concernent souvent des postes-clés tels que les agents enquêteurs, les superviseurs de projet ou les agents de développement communautaire. Cette arnaque cible principalement les jeunes diplômés ou ceux en reconversion professionnelle, exploitant leur vulnérabilité et leur besoin urgent d’un emploi. Les fraudeurs se présentent souvent comme des ONG internationales, utilisant leurs logos pour paraître crédibles.

Comment procèdent les faux recruteurs ?

L’escroquerie commence souvent par une annonce publiée sur des sites de recherche d’emploi, des groupes WhatsApp ou des pages Facebook. Ces offres concernent des secteurs en forte demande, comme la collecte de données ou les postes accessibles aux candidats sans expérience. Une à deux semaines après le dépôt du CV et du formulaire en ligne, les candidats reçoivent un e-mail confirmant leur présélection. Mais pour finaliser leur embauche, ils doivent payer des frais administratifs, souvent à hauteur de 4 000 FCFA.

Lors de notre vérification, nous avons postulé à l’une de ces offres et avons été «  sélectionnés ». Rapidement, on nous a demandé de payer 4 000 FCFA via un service de transfert mobile pour compléter le processus.

Nous avons alors demandé aux faux recruteurs leurs coordonnées à Bamako ainsi qu’un numéro de téléphone. Sans surprise, nous n’avons jamais reçu de réponse.

M. Doumbia Bakary, spécialiste en gestion des ressources humaines et administrateur de «  Barasɔrɔ Sira Teliman », une chaîne WhatsApp de recherche d’emploi au Mali comptant 20 000 abonnés, met en garde. «  Beaucoup de gens m’ont contacté pour me demander s’il fallait payer pour être embauché. Je leur ai dit non, c’est une arnaque. Je n’ai jamais partagé ces offres sur ma chaîne ». M. Issa Maiga, économiste en recherche d’emploi, confie, «  j’ai postulé à une offre et ai reçu un e-mail confirmant ma présélection, mais avec une demande de paiement de 4 000 FCFA. J’ai immédiatement compris que c’était une arnaque et j’ai alerté mes proches ».

Les fausses offres annoncent des salaires attractifs allant de 16 000 à 20 000 FCFA par jour, avec des indemnités de transport de 5 000 FCFA. Ces montants sont délibérément fixés pour piéger les candidats en difficulté financière.

Nous avons identifié deux cas récents d’arnaques : Pro-ECoViPA et Cabinet Leader Consulting. Après investigation, aucune de ces structures n’existe au Mali ni sur internet.

Les faux recruteurs demandent aux candidats d’envoyer leur photo d’identité à l’adresse «  recrutement.proecovipa@gmail.com ». Immédiatement, un lien de paiement leur est envoyé. Le premier paiement est demandé via Orange Money ou Flooz (ce dernier n’existe pas au Mali). Puis, selon leurs besoins, ils changent d’opérateur et envoient un lien CinetPay.

CinetPay est une plateforme de paiement en ligne permettant les transactions via Mobile Money et cartes bancaires (Visa, Mastercard). Les escrocs exploitent ces outils pour encaisser des paiements sans laisser de trace.

Faux justificatifs et pression psychologique

Les fraudeurs justifient les frais demandés en s’appuyant sur des exigences soi-disant imposées par l’État malien, qui n’existent pourtant nulle part. Les candidats doivent payer sous 48 heures, sous peine d’être «  remplacés ».

Aucune adresse physique n’est jamais communiquée et, une fois le paiement effectué, les contacts disparaissent.

Comment éviter ces arnaques ?

  • Ne jamais payer pour un emploi. Aucune entreprise ou ONG sérieuse ne demande des frais avant l’embauche.
  • Vérifier l’authenticité du recruteur. Comparer les adresses e-mails, sites web et présence en ligne.
  • Se méfier des formations payantes imposées.
  • Contacter directement l’entreprise avant d’envoyer des documents ou de l’argent.

La fraude aux fausses offres d’emploi est une menace grandissante qui exploite les failles du marché du travail. Une vigilance accrue est essentielle pour protéger les chercheurs d’emploi, notamment les jeunes diplômés. Restons informés et prudents face à ces pratiques malveillantes, ici.

Mahamadou Issiaka

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