Contraception et santé reproductive : démystifions les idées reçues

La planification familiale, qui regroupe les méthodes contraceptives modernes et naturelles permettant de limiter ou d’espacer les grossesses, joue un rôle crucial dans la santé reproductive et l’autonomisation des femmes. Pourtant, de nombreux mythes persistent et contribuent à la désinformation sur le sujet.

Parmi ces idées reçues, on entend souvent : « Nous n’utilisons pas de contraception, car cela pourrait provoquer des kystes ovariens et, dans le pire des cas, rendre stérile ». Une affirmation largement diffusée par de bouche-à-oreille (amis, famille, connaissances), qui pousse de nombreuses femmes à refuser toute méthode contraceptive. Beaucoup d’entre elles pensent que les hormones contenues dans la pilule contraceptive entraînent la stérilité ou favorisent l’apparition de kystes.

Selon la définition de Charles Kilpatrick, spécialiste en Obstétrique et gynécologie, médecine pelvienne féminine et chirurgie reconstructive aux États-Unis : « Les kystes ovariens sont des sacs remplis de liquide qui se forment dans ou sur un ovaire. Les kystes sont relativement fréquents, la plupart sont non cancéreux (bénins) et guérissent spontanément ».

Aucune relation entre contraception et stérilité

Docteur Amadou Bocoum, gynécologue au Centre Hospitalier Universitaire Gabriel Touré de Bamako, affirme que l’utilisation d’une contraception, y compris les méthodes hormonales, n’entraîne pas d’infertilité à long terme. Une fois la contraception arrêtée, la fertilité revient à son niveau normal.

Selon lui, les véritables causes de stérilité sont souvent liées à des infections sévères non traitées. « Quelqu’un qui a des rapports non protégés, même s’il prend la pilule contraceptive, peut contracter une infection sexuellement transmissible. Cela peut entraîner une obstruction des trompes, causant ainsi des problèmes de fertilité ».

Cette crainte de la stérilité, largement répandue, repose en partie sur la méfiance à l’égard des contraceptifs. Dans le livre « Des idées reçues sur la santé mondiale », publié sous la direction de Valéry Ridde et Fatoumata Ouattara aux Open Edition Books, les auteurs tentent d’expliquer la rumeur.

« Dans un contexte où les pays en développement sont accusés de « faire trop d’enfants », une rumeur s’est installée : celle selon laquelle les méthodes contraceptives auraient été conçues pour rendre les femmes et les hommes stériles. Certains vont jusqu’à prétendre que des préservatifs contiennent des substances rendant les hommes infertiles et que certaines pilules auraient le même effet sur les femmes », écrivent-elles.

Dr Bocoum rappelle que la plupart des kystes ovariens sont fonctionnels, c’est-à-dire qu’ils apparaissent naturellement après l’ovulation et disparaissent spontanément en quelques mois, sans nécessiter un traitement.

Contrairement aux idées reçues, la pilule contraceptive ne favorise pas les kystes, mais les réduit. Le gynécologue Ruben Coumaré, à la clinique Maman Clémentine à Bamako explique : « les pilules contraceptives contiennent des hormones qui permettent de réguler le cycle menstruel. En général, elles sont utilisées pour traiter les kystes, car ces derniers apparaissent souvent à la suite de déséquilibres hormonaux. Les pilules réduisent de 70 % le risque de développement des kystes. Cependant, si ces derniers atteignent une certaine taille, une intervention chirurgicale peut être nécessaire ». Il souligne également que les femmes ayant des grossesses rapprochées (1 à 2 ans) présentent un risque plus faible de développer des kystes.

Lorsqu’elles sont utilisées correctement, les méthodes contraceptives sont sûres et efficaces. Il est essentiel de déconstruire les mythes entourant la contraception afin de permettre aux femmes de faire des choix éclairés pour leur santé reproductive.

Pour choisir la méthode contraceptive la plus adaptée à vos besoins et à votre mode de vie, il est recommandé de consulter un professionnel de santé.

Aminata Y Coulibaly