Mopti: les tricycles, ces engins « accidentogènes »
Les tricycles ont facilité le transport urbain à Mopti, mais, ils sont beaucoup impliqués dans les accidents de circulation. Les conducteurs sont pointés du doigt, entre consommation des stupéfiants et la conduite en état d’ivresse.
De plus en plus nombreux dans la ville, les conducteurs de motos tricycles sont impliqués dans plusieurs cas d’accidents routiers à Mopti.
Considérées comme moyens de transport des bagages et marchandises, les motos tricycles, communément appelées « motos taxis » occupent aujourd’hui une grande place dans le trafic urbain à Mopti. Aussi appelées « Kata-kata Ni » par les usagers, ils sont aujourd’hui incontournables. Ils sont surtout appréciés parce qu’ils permettent un déplacement rapide des personnes et de leurs biens.
Nous n’avons pas pu avoir des chiffres au niveau régional sur l’implication des tricycles dans les accidents de circulation. Cependant, les « motos taxis » sont beaucoup impliquées dans les accidents routiers. Une situation très décriée par la population.
« Je prends les motos taxis chaque jour pour me rendre en ville. J’ai toujours peur du comportement des jeunes conducteurs, souvent, je regarde l’habillement et l’âge du conducteur avant de monter. Chaque jour, on est informé d’un accident dont ils sont impliqués et la plupart des accidents sont évitables s’ils respectent les codes de la route », témoigne Hawa Diaby, une vendeuse au centre commercial.
Manque de formation
La multiplication de ces accidents s’explique par beaucoup de facteurs parmi les plus importants, le manque d’expérience des conducteurs, il y a aussi le cas des jeunes qui viennent des villages non loin de ville de Mopti, et rare sont ceux d’entre eux qui disposent d’un permis de conduire.
Selon Madou Diarra, un conducteur de moto tricycle, « Plusieurs jeunes sont devenus conducteurs de moto tricycle parce qu’ils n’ont pas d’autres débouchés. Il y a même certains qui viennent directement du village et prennent le guidon sans connaître les règles pour conduire une moto tricycle ».
Parmi les causes des accidents, on peut citer aussi l’état psychologique des chauffeurs. Plusieurs conducteurs prennent des médicaments pour avoir de la force ou conduisent en état d’ivresse. « Il y a des jeunes chauffeurs de moto taxi n’ont pas de permis de conduire. Ils font des stationnements anarchiquement aux bords de la route et décollent sans regarder par-derrière ou à côté. Ils consomment des stupéfiants pour être plus résistants sur le volant », explique Mamadou Diarra
Il n’est pas rare de voir les chauffeurs s’enfuir lorsqu’ils provoquent des accidents et ils ne s’arrêtent même pas pour manifester leur solidarité. Sory Samassekou, victime d’une situation similaire, témoigne « J’ai eu un accident en 2018 avec un conducteur d’un tricycle. J’ai eu une fracture à la jambe droite, mais le conducteur ne s’est pas arrêté. Donc, j’ai dû faire face à mon problème ».
L’état des routes
Du côté des conducteurs des tricycles, ils sont nombreux à se plaindre de l’état de la route. À Mopti, avec une densité élevée de la population et l’étroitesse des routes, il est difficile de conduire les engins à deux ou trois roues.
Pour sa rapidité et son coût très abordable, 100 à 150 FCFA pour toutes les destinations de la ville, les motos tricycles sont arrivées à s’imposer dans le transport des personnes et de leurs biens.
L’encadrement des jeunes conducteurs, avec l’octroi des permis de conduire peut beaucoup contribuer à diminuer les accidents de la circulation.
YOUSSOUF TRAORÉ