La grande mobilisation pour le crépissage annuel de la mosquée Komoguel

À l’approche de l’hivernage, comme le veut la tradition, la grande mosquée de Mopti fait peau neuve grâce à un crépissage collectif mobilisant l’ensemble de la population. Cette année, l’événement a eu lieu le dimanche 25 mai 2025, rassemblant des centaines de jeunes, de femmes et personnes âgées venus prêter main-forte aux maçons.
Dès l’aube, les rues de la ville s’animent : des groupes, munis de seaux, de tasses et de bassines, s’activent. Certains transportent de l’eau, d’autres le banco, un mélange d’argile et de paille utilisé pour recouvrir les murs. Toutes les couches de la société participent, des jeunes hommes et femmes aux personnes âgées, dans un élan de solidarité communautaire.
Leur mission principale consiste à acheminer le banco jusqu’aux maçons chargés d’appliquer le précieux enduit. « Pour moi, ce n’est pas qu’un simple crépissage. C’est une fierté culturelle, un moment inoubliable. Participer à cet événement, c’est comme œuvrer main dans la main avec toute la ville », affirme Oumar Poulal Samassékou, notable de la ville.
Cependant, cette tradition séculaire est aujourd’hui confrontée à plusieurs défis. Autrefois, les jeunes allaient extraire le banco brut au bord du fleuve, dans une zone appelée localement « Paguet ». Mais cette pratique a été abandonnée en raison de l’insalubrité des lieux. Selon Mamadou Konipo, muezzin de la mosquée, tous les types de banco ne conviennent pas à l’édifice. Celui utilisé actuellement provient de Bargondaga, un quartier périphérique réputé pour la qualité de son argile. « Le banco de Bargondaga est excellent, mais son transport coûte cher, sans compter la main-d’œuvre nécessaire pour le malaxer avec du son de riz, afin de le rendre plus solide », explique-t-il.
Autre changement notable, l’engagement des habitants. Dans un passé récent, la population se mobilisait massivement du lever au coucher du soleil, permettant de terminer les travaux en une seule journée, parfois dès 11 heures. Aujourd’hui, l’effervescence initiale s’est émoussée. « La commission est souvent contrainte de recruter maçons et ouvriers pour achever le chantier », regrette le muezzin.
Au-delà des difficultés, le crépissage de la grande mosquée reste un moment fort pour Mopti. Plus qu’un simple acte de rénovation, il incarne la cohésion sociale, la joie partagée et la fierté de préserver un joyau du patrimoine architectural local.
YOUSSOUF TRAORE