Fête en vue, course aux tresses : les salons pris d’assaut à Mopti 

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À chaque veille de fête, un même rituel s’impose pour de nombreuses jeunes filles et femmes : se faire tresser. Un geste de beauté devenu un véritable parcours du combattant, tant pour les clientes que pour les tresseuses.

Devant les salons de coiffure, dans les rues, ou même dans les concessions, des dizaines de jeunes femmes patientent des heures, parfois une journée entière, dans l’espoir d’avoir la tête bien tressée avant le jour J. À Mopti, comme ailleurs, cette scène devient presque emblématique à l’approche des grandes célébrations.

L’ambiance est souvent tendue : longues files d’attente, fatigue, chaleur, et parfois désillusions. Certaines clientes arrivent dès l’aube, espérant devancer les autres. En vain. « On quitte chez soi depuis 5 heures du matin, raconte Lalla Traoré, jeune femme rencontrée à Mopti. Sur place, il y a déjà du monde. Et on peut passer toute la journée sans même être coiffée. C’est un vrai calvaire. »

Assises sur des bancs ou des nattes, les femmes patientent, déterminées à arborer une coiffure impeccable pour la fête. « Ce qui nous motive, c’est l’idée d’avoir une belle tête. Une fois la tresse faite, on oublie vite la souffrance », sourit Lalla.

Affluence massive

Du côté des professionnelles de la coiffure, la pression est à son comble. Certaines travaillent toute la nuit, sans pause. Nana Hawoye Touré, tresseuse professionnelle installée près du marché Sakarawel à Gangal, confie : « Même le jour de la fête, je continue à tresser. Parfois jusqu’au troisième jour. »

Ce pic d’activité entraîne une forte affluence dans certains salons, notamment ceux réputés pour maîtriser les modèles à la mode. « Dès qu’on entend qu’une tresseuse sait faire tel ou tel style, son salon est aussitôt envahi, explique Lala Diarra, cliente au Centre commercial. Et comme toutes ne maîtrisent pas les nouvelles tendances, la demande se concentre sur quelques-unes. »

Si l’effort est intense, la récompense n’en est pas moins motivante : à la veille des fêtes, les tresseuses réalisent des recettes importantes. « C’est notre moment de gloire. Les prix grimpent. Une tresse qui coûte habituellement 500 FCFA peut monter jusqu’à 1000 FCFA », reconnaît Mariam Sissoko, coiffeuse au quartier Bougoufè.

Et cette hausse des prix ne freine pas la clientèle. Bien au contraire. « Il y a deux ans, je suis restée chez une tresseuse toute la nuit. J’ai eu mon tour à 3 heures du matin, et fini à 5 heures. Mais au final, j’étais rayonnante le jour de la fête », se souvient Aminata Sangaré, femme au foyer.

Malgré tout, la beauté avant tout

Dans un contexte où certaines activités peinent à trouver un second souffle à l’approche du Ramadan, les coiffeuses, elles, continuent de tirer leur épingle du jeu. Et pour les clientes, la satisfaction d’avoir une coiffure soignée efface bien souvent la fatigue accumulée. Car, au bout du compte, une belle coiffure, c’est bien plus qu’un simple caprice esthétique : c’est une manière pour ces femmes d’exister, de s’exprimer, de rayonner… ne serait-ce qu’un jour.

Youssouf Traoré

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