[Mopti Check] : le Mali, confronté aux enjeux de la participation féminine dans le combat contre la désinformation

Les organisations de lutte contre la désinformation au Mali sont confrontées à un besoin du personnel féminin. Elles sont très peu, les femmes de médias, qui s’intéressent au domaine.
Au Mali, la lutte contre la désinformation a connu une croissance exponentielle ces dernières années. Les conséquences néfastes des fausses informations ont poussé beaucoup d’organisations à développer des initiatives de lutte contre le désordre informationnel. Un désordre informationnel aux multiples conséquences sur les communautés.
Au centre du Mali, le conflit intercommunautaire a été exacerbé en partie par la diffusion des fausses informations.
Représentation déséquilibrée
La lutte contre la désinformation ne doit pas être l’apanage des seuls hommes, les femmes doivent jouer leur rôle. En effet, dans cette ère numérique où la désinformation est omniprésente, il est crucial que les femmes soient également à l’avant-garde de cette bataille. Leur perspective unique et leur voix peuvent contribuer à façonner un environnement d’information plus équilibré et véridique. Ainsi, en s’impliquant activement, les femmes peuvent aider à démanteler les fausses nouvelles et à promouvoir une culture de vérité et de transparence.
Les femmes ne sont pas assez représentées au sein des organes de presse. « Aujourd’hui, il est temps d’encourager et de soutenir les femmes pour qu’elles aient accès aux médias afin d’avoir une représentation plus équilibrée », explique Kangaye Sangaré, journaliste et fact-checkeuse à Benbere.
Fatoumata Z Coulibaly, journaliste à Sahel Tribune, aborde dans le même sens,
« les femmes restent sous-représentées dans les postes de direction et certains domaines éditoriaux. Malgré cela, certaines femmes arrivent à s’imposer » précise-t-elle.
Encourager les femmes
La création des rédactions dédiées au fact-checking dans certains médias est un pas important dans la lutte contre la prolifération des fausses informations. Dans ces rédactions, les femmes jouent leurs partitions dans la lutte, même si cette présence est confrontée à des défis.
« Parmi les défis auxquels les femmes font face, nous avons un manque de reconnaissance de leur compétence, ensuite, il y a les préjugés sexistes qui peuvent freiner leur épanouissement. Les femmes fact-checkeuses au Mali sont très peu sollicitées par rapport aux hommes. Souvent, c’est ce qui amène beaucoup parmi elles à se décourager », affirme Kangaye Sangaré.
L’implication des femmes dans ce secteur peut être bénéfique par rapport à la prise en compte des réalités du terrain. Dans le cadre des sessions d’éducation aux médias et à l’information, les femmes sont plus réceptives vis-à-vis d’une animatrice que d’un animateur. « Les femmes peuvent jouer un rôle crucial dans l’éducation aux médias et à l’information. Elles peuvent aider les enfants et d’autres femmes à développer un esprit critique », explique Koumba Coulibaly, journaliste, engagée dans la lutte contre les infox. Elle ajoute que les femmes évoluant dans ce domaine peuvent servir de modèles inspirants pour encourager d’autres femmes à s’engager dans la promotion de l’intégrité de l’information. La désinformation touche toutes les couches de la société et il est important d’adapter la stratégie de lutte aux besoins et spécificités des cibles. Koumba Coulibaly pense que : « les femmes fact-checkeuses peuvent développer des approches pédagogiques innovantes permettant de toucher directement les femmes avec les contenus vérifiés ».
Le défi de la formation
La formation continue dans le secteur est cruciale. Le besoin d’organiser des sessions de formation en fact-checking à l’endroit des femmes pour leur permettre de développer des compétences dans le domaine est important. Les techniques d’écriture des articles, de vérification des faits, le monitoring des réseaux sociaux sont entre autres des compétences clés pour devenir fact-checkeuse.
En attendant de voir de plus en plus de femmes s’engager dans la lutte contre les fausses informations au Mali, celles qui travaillent déjà dans le domaine doivent être pleinement engagées dans le combat.
LA RÉDACTION
Cet article a été publié dans le cadre du projet, Stop à la désinformation dans les régions du centre du Mali avec le soutien l’ONG Azhar.