Fête de ramadan : le « ton-ton » ou l’art de partager la viande

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À chaque fête de ramadan, la ville de Mopti renoue avec le « ton-ton » qui permet un accès facile à la viande . Mais, c’est surtout son esprit unificateur qui permet de maintenir cette pratique.

A la veille de la fête de l’Aïd el fitr, fête qui met fin au mois de ramadan chez les musulmans, on remarque un regain d’activité d’abattage d’animaux un peu partout dans la ville. Aux abords du goudron ou dans les rues, les gens se retrouvent pour abattre des bœufs et faire des tas où chacun retour a part dans sa famille. Cette pratique a un nom dans la ville de Mopti, c’est le « ton-ton ».

 En effet, la fête de ramadan est l’une des grandes fêtes des musulmans. Pour la célébrer, plusieurs personnes organisent des « tontines » en vue d’acheter des bœufs pour ensuite se partager la viande. Cette pratique communément appelée « ton-ton » connu dans tous le pays est très fréquente et très répandue à Mopti. Les collectes d’argent se font de plusieurs manières. Les premiers organisent des « tontines » payables à la fin de chaque semaine ou à la fin de chaque mois.

Cotisation par tranche

Monsieur Dicko est enseignant et collecteur d’argent au nom des enseignants de son établissement scolaire, il explique comment s’ils organisent : « Nous, à notre niveau ici, on collecte chaque mois 5 000 FCFA par enseignant. Lors de la fête du ramadan, on paye des bœufs et on partage la viande. Nous le faisons depuis plusieurs années ». Par contre d’autres cotisent le tout en une seule fois au mois de ramadan. « Mon groupe compte quatre personnes. Chacun a cotisé 62 500 FCFA à la veille du début du mois de ramadan. On a donc aujourd’hui un bœuf dont nous pouvons estimer la valeur à 250 000 FCFA pour notre « ton-ton » », témoigne Labass Konipo, chef de grin et collecteur d’argent.

Après l’étape de la collecte des fonds, ce sont les difficiles démarches pour l’achat des bœufs. A une semaine de la fête, on remarque des marchandages chez les propriétaires de bœufs. Chaque groupement fait le tour de la ville pour trouver des bœufs de qualités et pas trop chers. Après les casse-têtes, on arrive tant bien que mal à s’entendre avec les éleveurs.

Un business pour certains

« J’ai fait l’embouche de mes bœufs cette année. J’envisage de proposer la viande à 2 200 F CFA le kilogramme. Ce qui me semble moins cher par rapport au prix du marché. Déjà pour la fête, j’ai une commande de plus de 150 kilos », affirme M. Yattara, un jeune entrepreneur habitué de ce business.

Pour couronner le tout, on fait appel aux bouchers pour morceler la viande et les partager équitablement aux personnes ayant payé la cotisation. La plupart des groupes immolent leurs bœufs la veille de la fête. Après le partage, chacun achemine sa part chez lui au grand bonheur de la famille. « J’envisage d’écrire le nom de chaque participant sur sa part après le pesage de la viande. Cela me permettra d’éviter les petits malentendus », ajoute-t-il.

Une ancienne pratique qui permettait aux personnes peu fortunées de fêter dignement est en passe de devenir un passage obligé pour tout le monde, toutes les catégories sociales à cause de son esprit d’entraide et de partage.

Boubacar SOUNKORO

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