[Mopti Check] : les conséquences de la désinformation en période de crise
La désinformation en période de crise a des conséquences profondes qui touchent à la fois la santé mentale, la confiance envers les institutions et la stabilité démocratique. La région de Mopti, foyer d’une crise communautaire, la désinformation devient un facteur aggravant.
La démocratisation de l’utilisation des réseaux sociaux a permis à des populations en grande majorité analphabètes de savoir communiquer avec beaucoup plus de facilités. Le réseau social WhatsApp est très populaire parce que facile d’utilisation, mais il est aussi vecteur d’une désinformation nocive.
Au niveau national, il n’existe pas de données sur le nombre d’utilisateurs du réseau social WhatsApp. Mais il suffit de prendre le smartphone de n’importe quel citoyen malien, surtout du monde rural pour constater le nombre de groupes WhatsApp dans lesquels, il se trouve. Avec WhatsApp, la barrière de la langue, et de l’alphabétisation s’effondre.
« Je vivais en Côte d’Ivoire, WhatsApp me permet de savoir comment mon village s’est réveillé chaque matin et aussi de discuter avec mes parents des sujets d’actualité nationale et internationale », témoigne Allaye Tamboura, un vendeur ambulant à Bamako, originaire de la région de Mopti. Sur la question de savoir s’il est prudent par rapport à tout ce qui y circule, il répond : « je consomme tout, c’est vrai que parfois les propos racistes, haineux ou des images violentes me font peur, sinon, rien de grave à signaler ».
Facteur de stress
Les fausses nouvelles, en exploitant des émotions fortes telles que la peur, peuvent se répandre plus largement. En temps de crise, croire à diverses fausses nouvelles et théories du complot peut accentuer les facteurs de stress. La désinformation entraîne aussi une perte de repères.
« Tout d’abord, ces informations erronées peuvent semer la confusion et la peur, créant un climat d’incertitude et d’anxiété chez les gens. Ensuite, elles peuvent conduire à des actions imprudentes ou dangereuses basées sur de fausses perceptions de la réalité, aggravant ainsi la situation de crise », explique Kangaye Sangaré, spécialiste des questions sur la désinformation au Mali.
Repli identitaire
Au plus fort de la crise intercommunautaire au centre du Mali, des propos haineux et des fausses informations ont participé à amplifier la crise et créer la psychose. Il a été observé un repli identitaire sur le terrain, mais aussi sur le plan digital. Des groupes d’ethnies se sont organisés en groupe WhatsApp ou des pages Facebook au nom de tel ou de tel groupe ethnique. Chacun a son niveau a fait ainsi de son utilisation de l’outil numérique, une arme.
Les informations vérifiées se perdent dans un océan de contenus contradictoires, affectant la capacité à distinguer le vrai du faux. « Cette confusion mène au cynisme et à une perte de confiance envers les institutions médiatiques, politiques ou sociales, menaçant ainsi la démocratie et la stabilité sociale », explique-t-on dans cet article.
La désinformation exacerbe les tensions sociales et mène à des actions violentes, qu’elles soient individuelles ou collectives. Il est crucial de promouvoir la vérification des informations et la diffusion de sources fiables pour contrer ces effets néfastes.
LA RÉDACTION
Cet article a été publié dans le cadre du projet, Stop à la désinformation dans les régions du centre du Mali avec le soutien l’ONG Azhar.