Mopti : le vélo-tour ou le vélo pour tous

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Grâce à sa belle vue panoramique sur le fleuve Niger, les berges de la ville servaient de cadre idéal et naturel à tous les amateurs de vélo. Mais depuis l’instauration d’un climat d’insécurité orchestrée par la crise multi-dimensionnelle de 2012, cette activité à la fois récréative et lucrative est malheureusement en voie de déperdition.

La période de décrue coïncidant avec celles des grandes vacances était le moment propice pour la plupart des jeunes et enfants pour prendre d’assaut la digue de pêche de la ville.

Le « vélo-tour » pratiqué sur la digue était la seule grande opportunité offerte aux enfants des classes moyennes et démunies de toucher pour la première fois de leurs vies les guidons d’un vélo.

« Je me souviens encore de ces moments où mon grand frère et moi partaient faire la bicyclette chez Barou. Des fois on disparaissait avec le vélo pour toute la journée. En fin de journée, il venait récupérer le vélo et l’argent avec notre papa. On avait des amis qui pouvaient louer les vélos pour un ou deux jours. A l’époque c’était difficile d’avoir un vélo à la maison, donc c’était la ruée vers le vélo-tour sur la digue », témoigne Samba Maïga, un ancien client.

Le premier essai en vélo

De 50 à 100 F CFA pour juste pédaler et descendre à 300 F CFA pour une heure de location, une chance inouïe était donnée à tous les enfants de réaliser leur premier rêve de monter sur un vélo.

Des larmes des bleus qui bifurquaient de gauche à droite avant de tomber, contrastent avec les applaudissements et les cris de liesse de certains amateurs aguerris qui parvenaient à fumer la pipe sur les guidons « 2 laisses ». Il fallait avoir plus d’un tour dans son sac pour pouvoir aisément s’asseoir jambe deçà, jambe delà sur une bicyclette.

Oumar Traoré avec un vélo

Le Vélodrome à ciel ouvert

Oumar Traoré plus connu sous le nom de « vélo-tour Barou » exerce le métier de location des vélos depuis plus de 3 décennies. Entouré de vélos, une clé à la main pour réparer un pneu, nous sommes sur la digue de Mopti à la rencontre de Oumar Traoré, celui qui a donné la chance à beaucoup d’enfant de la ville de pour toucher un vélo.

À l’entendre, la belle époque des randonnées en vélo est révolue depuis l’éclatement de la crise. « Avant la crise, j’avais une recette journalière conséquente de plus de 4 000 F CFA. Une recette qui me permettait d’employer plus de 10 personnes et d’assurer les frais de réparation et d’entretien des vélos. La plupart de mes clients étaient des jeunes de la ville et des petits mendiants. Mais de nos jours, ce métier ne nourrit plus son homme et le seul avantage que j’en tire est la marque de reconnaissance de certains anciens clients», explique-t-il sans cacher sa tristesse.

En attendant des lendemains meilleurs, les vélos de Barou continuent de rendre service aux enfants démunies de la ville de Mopti. L’économie de la région de Mopti à plus que jamais besoin des coups de pédales de tout un chacun pour remonter la pente des nombreux défis qui se pointent à l’horizon.

Sidi Y. KAMISSOKO

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