Mopti : « Barbarbahé », la fête annuelle des bouchers
Communément appelé « Barbarbahé », la fête des bouchers a lieu chaque année à Mopti. L’édition de cette année a été célébrée ce 11 février 2023.
Les bouchers de la région de Mopti se sont donnés rendez-vous, ce 11 février 2023, au terrain scolaire de Gangal en présence des autorités administratives et coutumières de la ville.
Sous un soleil qui tape moins fort, aux environs de 16 heures, de nombreux véhicules et mobylettes commençaient à former le cortège. Ils étaient nombreux devant la maison des bouchers au Komoguel 1, appelé en langue locale « wayéso ». De la maison des bouchers, où le cortège a pris le départ pour faire le tour de la ville et ensuite terminé au terrain scolaire pour la célébration des festivités.
Barbarbahé, ses origines et sa vocation
Barbarbahé, aussi appelé « Abarba » est la plus grande fête des bouchers à Mopti. En effet, Abarba tient ses origines de la région de Tombouctou, plus précisément à « Al bilal sudu tamsor bortinegalanga », où les bouchers commémoraient chaque année. Cette célébration est dédiée aux djinns pour chasser les mauvais sorts contre les bouchers, avec des pas de danses particuliers, jambes écartées, bras ouverts et poitrines bombées, montrant ainsi la force et la bravoure des « hommes de la viande ».
« Le festival des bouchers vient de Tombouctou, c’est une fête traditionnelle qui fut initiée par les djinns en parfaite collaboration avec les bouchers en son temps. Le travail des bouchers consiste à abattre les animaux, donc verser du sang. Ces festivités permettent alors aux bouchers d’échapper aux difficultés de leur travail ou de pouvoir y faire face ou de chasser les mauvais esprits. Actuellement, ce n’est plus la fête des bouchers, c’est pour tout le monde », explique Ousmane Mahamane Maïga, un boucher à Mopti.
Tous les bouchers de la ville, y compris les personnes âgées qui pratiquaient cette activité, étaient présents au terrain scolaire de gangal, où les festivités ont eu lieu. On voyait les femmes, les filles et les sœurs des bouchers venues en grand nombre pour donner au festival plus de saveur. Certaines, fofilant entre les gens pour les donner à boire et d’autres dansant au rythme du tambour et des tam-tams. Pour Mariam Touré, épouse de boucher, tout ce qui peut embellir la fête est obligatoire pour nous les dames. « Nous avons préparé ce jour depuis plus d’un mois. On organisait chaque semaine une réunion pour discuter des préparatifs. Nous avons cousu des habilles, c’est pour nous distinguer des autres. C’est aussi pour montrer à nos hommes que nous sommes avec eux et que leur fête est aussi la nôtre ».
YOUSSOUF TRAORÉ