Le retour « triomphal » de l’armée malienne à Kidal
Les forces armées maliennes sont « de retour » à Kidal, la capitale de la huitième région administrative du Mali, depuis ce 14 novembre 2023.
La ville de Kidal depuis une décennie est au cœur d’un imbroglio politico-militaire. Au fil des années, la ville est devenue un sujet de crispation majeur au Mali. Depuis le retrait de l’armée malienne de cette ville lors de la dernière grande bataille perdue contre la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) après la visite de l’ancien premier ministre Moussa Mara en mai 2014, elle n’y avait pas mis pied.
En février 2020, dans le cadre de l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, elle y est revenue sans gloire, sous l’égide de l’ONU, avec la première compagnie du Bataillon reconstitué de l’armée malienne (BAFTAR) composé de 110 éléments des parties signataires.
Retrait des forces internationales
Les autorités de la transition, dans une logique de mettre fin à la présence des forces étrangères au Mali, ont successivement demandé le retrait de la mission européenne Takuba, des forces françaises de l’opération Barkhane. Après, ils se sont retirés du G5 sahel et depuis juillet 2023, ils ont officiellement demandé le départ de la mission onusienne au Mali.
Le retrait de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) a eu pour conséquence la reprise des hostilités entre certains mouvements au sein du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD) et les forces armées maliennes. Cette reprise des hostilités, que certains ont appelées la « bataille des emprises de la Minusma », a débuté lors de la rétrocession du camp de la Minusma à Ber au mois d’août 2023. Après 4 mois d’hostilité, les forces armées maliennes ont tout à tour pris possession du camp de Ber le 13 août, la ville stratégique d’Anefis le 7 octobre et du camp de Tessalit le 21 octobre 2023 et avant la prise du camp de Kidal ce 14 novembre 2023.
Par communiqués interposés, l’état-major de l’armée malienne a annoncé que « les FAMa ont pris position dans la ville de Kidal ce mardi 14 novembre 2023 », et dans la soirée, le porte-parole des rebelles affirme qu’ils se sont « retirés de la ville pour des raisons estimées stratégiques pour cette phase de combats ».
Scènes de liesse populaire
Au sud du pays, c’est l’effervescence, des manifestations spontanées un peu partout pour fêter une victoire attendue depuis plus de 10 ans.
« C’est un sentiment de fierté qui nous anime et nous remercions les autorités de la transition à sa tête le colonel Assimi Goita pour cette journée du 14 novembre 2023. La libération de la ville de Kidal, désormais dans l’histoire de notre pays, nous félicitons nos vaillants FAMA qui ont su œuvrer avec professionnalisme et bravoure durant cette reconquête héroïque », s’exulte Modibo Traoré, le président du Conseil régional de la jeunesse de Mopti.
Dans un court Space sur X (anciennement Twitter), Attaye Ag Mohamed a donné des explications sur les hostilités qui ont opposé le CSP-PSD à l’armée malienne dans la région de Kidal.
« Il n’y a pas d’explication à donner, loin de là. Il n’y a pas aussi des choses à justifier. Depuis l’ouverture du front sur Kidal, il y a 4 à 5 jours, des combats de contact n’ont eu lieu qu’à deux reprises. Pendant ces deux contacts, les forces maliennes ont été stoppées, leur dispositif détruit et mis en débandade. Depuis le 12 novembre, il n’y a pas eu de combats. Tout ce qu’il y a eu, ce sont des frappes permanentes et constantes des drones », explique-t-il.
En attendant la sécurisation complète et le redéploiement de l’administration avec les services sociaux de base, les messages de soutien à l’armée et les scènes de liesse populaire continuent dans beaucoup de région.
YACOUBA DRAMÉ
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